La conférence de financement des transports, Ambition France Transport, est désormais lancée depuis quelques semaines. Qu’en attendez-vous ?
Ambition France Transport est une étape indispensable pour rendre concrets les objectifs fixés par la future PPE n°3, et en particulier sa Stratégie Développement de la Mobilité Propre. Les ambitions fortes affichées pour le secteur du transport (-25% de consommation d’énergie entre 2022 et 2030) nécessitent des investissements considérables, qu’il faut identifier dès aujourd’hui pour mettre le secteur sur le chemin de la neutralité carbone à horizon 2050.
Tout en saluant l’initiative, nous attendons de la conférence une prise en compte des besoins d’investissements, et des modalités de financement, de tous les leviers indispensables à la décarbonation : sobriété, report modal, et recours à toutes les énergies décarbonées à disposition.
Nous attendons également que cette conférence reconnaisse pleinement la diversité des solutions, notamment celles qui sont déjà matures, accessibles, et immédiatement mobilisables, comme le BioGNV.
Quel regard portez-vous sur les premiers travaux ?
Les premiers travaux doivent permettre de partager un socle commun de connaissances pour poser les débats, et de mettre autour de la table toutes les parties prenantes au sein des quatre ateliers.
Nous pouvons regretter un manque de neutralité dans certaines analyses techniques, notamment sur la présentation des solutions de décarbonation.
Le livret de diagnostic de l’atelier 4 en est un bon exemple : le BioGNV y est présenté de manière inexacte, alors qu’il s’agit d’une solution mature et disponible. Il a fait l’objet de nombreux investissements, et permet jusqu’à 80 % de réduction de CO₂ en cycle de vie en plus d’être crédité du Crit’air1 (selon les chiffres de la dernière étude IFPEN commandité par la DGEC). En outre, le gaz vert bénéficie en France d’une forte dynamique pour la mobilité : à fin 2024, plus de la moitié des kilomètres est parcourue en gaz vert pour la mobilité BioGNV/GNV.
La création de l’IRICC, en cours de discussion, montre que le gouvernement anticipe l’existence d’autres motorisations, et qu’il organise leur verdissement. Il y a donc une incohérence entre une décarbonation pragmatique des carburants en cours, et des dossiers qui méconnaissent l’apport de certaines motorisations.
Par ailleurs, il nous semble pertinent d’ouvrir, d’ores et déjà, les ateliers à toutes les filières non représentées à ce jour.
Selon vous, la conférence de financement des transports sera réussie si….. ?
…. Si un plan d’investissement priorisé voit le jour, avec le détail des modalités de financement partagé par tous, basé sur un plan d’action clair, techniquement fondé et technologiquement neutre, et enfin qui soutient toutes les solutions efficaces sans opposer les filières.
Elle doit permettre à la France d’activer tous les leviers disponibles : sobriété, report modal, et structuration d’un mix de solutions de transport décarbonées, alliant performance environnementale, faisabilité économique, et réponse aux réalités du terrain (en particulier les zones rurales et périurbaines, et sur la question du fret).
Enfin, elle doit associer l’ensemble des acteurs concernés, sans exclusivité : État, collectivités, transporteurs, énergéticiens, industriels, chercheurs… Car c’est la diversité des expertises qui garantit la qualité des décisions.